Friday, 14 October 2011

L'économie au cours de la période islamique

Avant la conquête islamique, l'Egypte était déjà célèbre pour la fabrication de textiles et de tissus ; d'ailleurs, leur confection joua un rôle important dans l'économie égyptienne. Les tissus égyptiens étaient bien connus des Arabes ; ceux-ci les appelaient « al-Qubati », d'après le terme « Qubt » qui signifie copte. On raconte qu'Al-Muqawqas, ou Cyrus, le patriarche melkite et le souverain de l'Egypte aurait envoyé au prophète Mahomet 20 habits Qubati.

Selon al-Azraqi, Umar Ibn al-Khattab avait drapé la Kaaba avec des habits Qubati. La « kiswa », ou couverture, de la Kaaba fut fabriquée en Egypte au cours de la période umayyade et abbasside, dans les villes de Shata et de Tuna. Située sur le Lac Manzalah, la ville de Tennis était réputée pour ses textiles gravés. Exportés vers des régions telles que le Levant et la péninsule arabe, ces textiles étaient si populaires qu'on affirma qu'il n'existait aucune demeure dans ce monde qui ne possède un habit, ou au moins un tapis, provenant de Tennis.

La « jizya », ou impôt, et les cadeaux envoyés par l'Egypte à la cour du calife abbasside par Ahmad Ibn Tulun comprenaient des tissus et des textiles fabriqués dans les ateliers Tirza en Egypte.

Le commerce des épices joua également un rôle important dans l'économie de l'Egypte au Moyen Âge. L'Egypte devint d'ailleurs le lien entre l'Orient et l'Occident dans ce type de commerce. Un groupe de marchands appelés les « Karimis » se spécialisa dans le commerce des épices. Basés en Egypte et au Levant, ils étaient les intermédiaires qui expédiaient les marchandises depuis le Proche et l'Extrême-Orient vers l'Europe. On estime qu'ils étaient parvenus à commercialiser 28 sortes d'épices différentes.

Le poivre était la plus importante d'entre elles ; en effet, d'énormes quantités étaient livrées en Europe, en passant par Venise et l'Egypte. La cannelle fut introduite en Europe au deuxième siècle de l'année de Hijra (huitième siècle après Jésus-Christ). Elle entra dans la composition de certains médicaments et fut utilisée, tout comme le clou de girofle, en tant qu'agent conservateur des poissons et des viandes.

Le galanga, racine au goût de gingembre poivré, était utilisé en médecine et en cuisine ; Alexandrie était l'un de ses plus importants centres commerciaux.

La cardamome rejoignit aussi l'Europe depuis Alexandrie ; en occident, elle fut ajoutée aux aliments en tant que conservateur, en particulier pendant les longues périodes de jeûne. Outre le commerce des épices, les drogues médicinales étaient aussi fortement commercialisées. Le Caire était l'un des plus importants marchés d'herbes orientales et ses habitants en avaient une bonne connaissance. Ces herbes jouèrent un rôle fondamental dans la transformation de la médecine du Moyen Âge en la médecine des temps modernes. Il semblerait que les fondements de la chimie moderne reposent sur le commerce d'herbes et de médicaments réalisé en son temps par les Karimis. Les herbes les plus importantes étaient le camphre et le myrobolam.

La noix de muscade était également une plante médicinale bien connue. Poussant en Inde et dans les Indes orientales, elle avait un fruit ressemblant à un clou de girofle qui était utilisé en Europe à des fins médicales, en cuisine et dans le brassage de boissons alcoolisées. A la fin du neuvième siècle de l'année de Hijra (quinzième siècle après Jésus-Christ), son prix doubla car elle se fit relativement rare sur les marchés égyptiens.

Les biens dont le volume dépassait 600 kantars et dont la valeur était supérieure à 3000 dinars, étaient vendus dans des magasins et des « wikala », ou marchés, également appelés caravansérails. A la moitié du neuvième siècle de l'année de Hijra (moitié du quinzième siècle après Jésus-Christ), les revenus résultant du commerce furent multipliés par cinq. La raison en est qu'une partie des biens était consommée au niveau national alors que le reste était exporté vers l'Europe.

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